Le pauvre et son chien

Le pauvre et son chien

LE PAUVRE ET SON CHIEN

Aimer et trouver qui nous aime est un brûlant désir.

A votre cœur demandez-le vous-même : Sans l’ombre d’un ami peut-il,être un plaisir ?

Un vieillard, tout courbé sous trente ans de misère, pauvre avec un bon cœur, pouvait compter encore un ami sur la terre, en dépit du malheur. C’était son vieux Médor.

Sous sa main caressante, sur les mêmes lambeaux il repose la nuit.

Le jour, il suit Hubert, dont la voix gémissante implore un peu de pain qu’il partage avec lui.

Mais, chacun de blâmer son barbet inutile : Avait-il trop pour lui d’un aliment grossier ?

A la pitié du riche il est si difficile d’arracher un denier ! 

Ce luxe, malheureux, sied-il il ta misère ?  Tu ne peux te nourrir, et tu nourris un chien !

Sans mot dire, à pas lents, et baissant l’œil à terre, le bonhomme s’en va, honteux dans son maintien.

Ou, s’il verse des pleurs, sa main, qui les essuie. Flatte son vieil ami, qui le suit, pas à pas:

«Te quitter, bon Médor, plutôt quitter la vie qui donc, sans mon chien, m’aimerait ici-bas?»

HYPPOLITE FAUCHE